Homélie 1er dim de l’Avent Année A
- Francis Roche
- il y a 2 jours
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Entrée en Avent… quelque chose de nouveau commence, se prépare, se cherche. Il y a un passage à faire. Ce n’est pas seulement un jour après l’autre, un dimanche après l’autre. C’est pour cela que la liturgie n’est pas tout à fait la même, ni la couleur de mon étole ! On ne va plus dire le Gloire à Dieu, pour mieux le chanter avec les anges de la Nativité, la nuit de Noël. On va s’éclairer d’un chemin de lumière pour trouver la bonne direction et avancer vers une crèche, et on allumera progressivement, pas à pas. Avant la fête et la joie plus grande que nous, il y a d’abord la nuit à traverser et dans cette nuit, Dieu nous donne des compagnons de route, ceux qu’on ne voit pas toujours, ceux qui peinent ou se cachent, ceux qui doutent, ceux qui portent des poids trop lourds… Nous les reconnaitrons si nous savons voir, si nos cœurs leur font un peu de place… Nous n’allons pas à Noël les poches pleines et l’estomac repus, il y a du vide à faire pour être désencombré du trop et peut-être aussi de nous-mêmes. Pour qu’une espérance renaisse sur la terre des hommes, car la nuit aura une fin et le Jour est tout proche, comme l’annonce St Paul.
Le prophète Isaïe lançait cet appel dans la première lecture, repris en écho par le psaume 121, qui est un psaume de pèlerinage, un psaume des montées à Jérusalem. « Montons à la montagne du Seigneur ! » On y monte parce que Quelqu’un nous y attend, et ce Quelqu’un espère qu’en route, nous aurons appris à voir et à entendre pour qu’un monde nouveau engendre des chemins de paix et de rencontre, loin de la violence des armes et du déluge de nos méchancetés. Mais pour cela, il faut sortir du sommeil de la routine et de tous les à-quoi-bon, des jugements tout faits, des œuvres des ténèbres.
L’évangile parle justement de rester éveillés, de garder nos lampes allumées, dans la vigilance de qui attend réellement quelqu’un qui vient, même si on ne sait pas quand. On peut d’ailleurs rappeler que cette vigilance ne concerne pas seulement l’heure dernière de notre vie, mais d’abord tout instant au présent, dans les évènements et les personnes par lesquels Dieu nous fait signe. C’est aujourd’hui, chaque jour, chaque instant, que quelque chose peut se passer, que Dieu peut nous demander quelque chose pour nous ou pour quelqu’un d’autre. Cela suppose et demande un cœur ouvert, disponible, pas blasé ni habitué.
Le philosophe François Jullien a écrit un livre intitulé « Décoïncidence » pour justement parler de la Révélation divine comme d’un pas de côté, sorti des évidences, décalé de nos choses trop humaines et convenues. Il faut réapprendre, se laisser surprendre, changer nos idées mêmes sur Dieu. Se rappeler que notre conception de Dieu n’est pas spontanément chrétienne et que seul Dieu peut nous apprendre Dieu mais que pour cela il faut être tout-petits car les sages et les savants ne peuvent y accéder. C’est justement cela, l’Avent, un temps pour la décoïncidence, parce que le Dieu qui vient naître dans l’histoire des hommes jaillira du creux de la nuit, sur la paille de nos médiocrités, et non dans un palais doré. Dieu n’est pas dans une case, assigné à résidence dans nos morales bien faites et nos piétés étroites.
Quelqu’un vient. Préparons-nous à être surpris !
Bernard Vignéras




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