« Voici que la vierge est enceinte » (Is 7, 10-16)
Ps 23 (24), 1-2, 3-4ab, 5-6) Qu’il vienne, le Seigneur : c’est lui, le roi de gloire !
Jésus-Christ, né de la descendance de David, et Fils de Dieu (Rm 1, 1-7)
Jésus naîtra de Marie, accordée en mariage à Joseph, fils de David (Mt 1, 18-24)
Lien vers les lectures de la messe : https://www.aelf.org/2022-12-18/romain/messe
Quand nous parlons de l’enfance de Jésus, quand nous nous imaginons comment cela a pu se passer, nous avons devant les yeux les images des crèches, notamment les crèches provençales avec ses multiples santons. Les santons sont les petites figurines provençales de la crèche qui représentent les personnages de la Nativité (la Sainte Famille, les rois mages, des bergers, le bœuf, l'âne et de nombreux personnages populaires typiques). Ces figurines puisent leur source principalement dans l’Évangile selon Luc.
Avec Matthieu, rien de tout cela. Le souci principal de l’évangéliste est de montrer que Jésus est fils de David, fils d’Abraham. Matthieu veut montrer que Jésus ouvre le livre d’une nouvelle genèse, une nouvelle humanité. En ce sens, Jésus, fils de Marie, épouse de Joseph, prend la place d’Adam. Il est à la racine d’une nouvelle descendance qui sera immédiatement reconnue comme royale par des savants, des mages venus d’orient (voir le second chapitre de l’Évangile selon Matthieu). Cette famille devra fuir devant le cruel Hérode - massacre des enfants de Bethléem
- ce qui nous fait penser à Moïse et à la libération d’Égypte, avec, pour Marie et Joseph, au retour d’Égypte, l’installation à Nazareth.
J’insiste : dans l’Évangile selon Matthieu, c’est Joseph qui est mis en avant. On parle de Marie, avant qu’ils n’aient habités ensemble.
Le nom Joseph apparaît 4 fois dans ce récit.
Joseph reçoit en songe une apparition de l’ange du Seigneur :
- la première fois, un ange lui annonce la conception mystérieuse de Jésus ;
- la seconde fois, l’ange annonce à Joseph qu’il doit fuir en Égypte avec la mère et l’enfant ;
- la troisième fois, en Égypte, en songe toujours, l’ange lui annonce qu’il doit regagner le pays d’Israël avec la mère et l’enfant.
- L’ange sera mentionné une quatrième fois, annonçant avec précision que la famille doit se rendre en Galilée.
À mon avis, une homélie doit toujours comprendre deux parties : une explication du texte proclamée et une concrétisation, une mise en application dans l’histoire qui nous est proche, en tenant compte de ce que nous vivons concrètement. Aujourd’hui, je privilégie la partie commentaire car il me semble, que nous connaissons assez peu ce regard de Matthieu.
Plaçons-nous à l’époque de Matthieu. Comment se passe un mariage ? Nous sommes loin des pratiques actuelles en Occident. Nous pouvons penser aux mariages arrangés comme ils se pratiquent encore en Indes, au Pakistan par exemple. C’est l’affaire des parents qui organisent la rencontre des candidats accompagnés de leur famille respective. Dans un premier temps, il y a d’abord un échange formel de consentements devant des témoins. La promise vit toujours chez ses parents. Il me semble que l’on peut encore trouver cette pratique dans des familles du Maroc, d’Algérie… C’est suite à la seconde étape de la cérémonie du mariage, plusieurs jours (semaines ou mois, je ne sais) après la première étape, que l’épouse est conduite chez son époux. Désormais, ils habiteront ensemble. Alors, « une femme qui était enceinte avant la seconde étape était considérée adultère et donc passible de lapidation ou, au moins, de renvoi par son fiancé ».
« Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret ».
Seulement, agir ainsi n’est pas dans le plan de Dieu.
L’ange intervient. Il demande à Joseph, fils de David (de la lignée de David), de prendre chez lui Marie. Il explique qui est Jésus. En prenant Marie chez lui, comme père il accepte l’enfant. Il sera père non au sens physique (biologique) mais au sens légal. Ainsi, il est possible de dire de Jésus qu’il est de la lignée de David, qu’il est fils de David. Ce titre est donné dix fois à Jésus dans l’évangile de Matthieu, mettant en lumière la pleine humanité du fils de Marie. Il est vrai homme.
Mais aussi vrai Dieu
« L’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint. »
L’ange précise bien qu’il ne s’agit pas d’une conception humaine ordinaire. Celui que nous appelons Jésus (le Seigneur sauve) et Emmanuel (Dieu avec nous), est fils de Dieu. Il est Fils de Dieu dès sa conception et naissance en Marie. L’évangéliste Matthieu rappellera cette certitude à son baptême par Jean le Baptiste :
« Celui-ci est mon fils bien aimé, mon unique » dit une voix venant des cieux alors que l’on voyait l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe.
Citons l’évangile selon Jean :
« Au commencement était le Verbe… et le verbe était Dieu… le Verbe s’est fait chair ».
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