Nous lisons l’Évangile, nous nous engageons à mettre en pratique la Parole entendue, à glorifier Dieu par notre vie. Et que faisons-nous ?
- Francis Roche
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Publié le 9 novembre 2025 par Michel Durand
« J’ai vu l’eau qui jaillissait du Temple, et tous ceux que cette eau atteignait étaient sauvés » (Antienne Vidi aquam) (Ez 47, 1-2.8-9.12)
Le Fleuve, ses bras réjouissent la ville de Dieu,la plus sainte des demeures du Très-Haut. (Ps 45, 5)
« Vous êtes un sanctuaire de Dieu » (1 Co 3, 9c-11.16-17)
« Il parlait du sanctuaire de son corps » (Jn 2, 13-22)
Suite à la proclamation de cet évangile, la rencontre de mercredi dernier à la maison paroissiale - l’ouvrage de Cesare Baldi - oriente ma méditation alors que je tiens compte de l’échange de l’équipe de préparation de cette liturgie. Je cite :
« Cette fête de la dédicace de la basilique du Latran… nous permet de célébrer le jour où un bâtiment a été consacré comme Église du Seigneur.
La basilique du Latran, cathédrale de Rome dont le pape est l’évêque, est le signe de l’Église que nous sommes appelés à bâtir. Elle nous permet de nous souvenir du cheminement du peuple et de l'attention constante et fidèle de Dieu. En même temps, il nous est rappelé qu'aujourd'hui chacun de nous, en Jésus ressuscité, est "la maison de Dieu", parce que l'Esprit lui-même habite en moi, en chacun de nous.
On rencontre deux dimensions : la maison en pierre – la maison de pierres vivantes
- l’église, le bâtiment, la construction ; le lieu où on se rassemble
- l’église, la communauté, le peuple de Dieu, le signe de la présence de Dieu. »
L’Eglise, c’est nous. Peuple de rois, prêtres et prophètes.
Et nous sommes dans le Temple à la suite de l’évangéliste Jean. Un sanctuaire qui, à l’époque, pose problème à Jésus.
Il importe maintenant que je dise pourquoi j’établis un lien entre les propos de mercredi soir et la proclamation de l’évangile de ce jour de dédicace de la basilique du Latran.
En premier c’est le peuple des disciples du Christ qui agit, qui organise sa vie de disciple et de missionnaire, d’apôtre. En second, la dimension juridique de l’Église élabore un droit pour assurer l’avenir de l’édifice ecclésial. Le droit canon est second. À mon sens, mais je peux me tromper [alors que les canonistes m’avertissent], premier et essentiel est notre agir de chrétiens. Et il me semble que c’est ce que l’équipe de cette liturgie veut signifier quand, dans le bâtiment église de Saint Alban (ce bâtiment église), elle propose à chaque personne, grâce à des cailloux reçus à l’entrée, de venir les poser devant l’ambon pour former le mot ÉGLISE. (Vous dites :) « Cette fête (de la dédicace) nous appelle à être en communion avec l'Église tout entière qui reconnaît le Christ comme la première pierre et dont nous sommes les pierres vivantes. »
Comment être pierre vivante ?
Écoutons l’évangéliste Jean.
Marc, Matthieu, Luc ont évoqué les étapes principales de la vie de Jésus. Jean apporte une réflexion qui mérite l’appellation de théologique.
« Au commencement le Verbe était et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu »: Jn 1,1
Dès le second chapitre, des miracles, des signes - noces de Cana - manifestent la gloire divine du Christ. Et « ses disciples crurent en lui. »
Et nous voilà dans le Temple. Le lieu de l’expression du sacré. Quel est le but du sanctuaire ? Nous approcher de Dieu. Nous rendre proche de l’Éternel afin de devenir saint.
À l’exemple du Dieu saint qui vous a appelés, devenez saints, vous aussi, dans toute votre conduite, puisqu’il est écrit : Vous serez saints, car moi, je suis saint ». 1Pierre 1,15.
Or que voit Jésus ? Rien ne va plus.
« Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. »
Obéir à la tradition n’est plus possible. Suivre la Loi religieuse est une compromission inacceptable. On ne peut que se révolter.
« Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. »
L’attachement de Jésus à sa maison, la demeure de Dieu, son Père, ne peut que l’inviter à la révolte, la désobéissance par rapport aux coutumes et lois religieuses. Seule une action de purification est possible. L’argent n’a pas sa place ici.
« Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : L’amour de ta maison fera mon tourment. »
Et je note que Jésus s’assimile en cet instant au temple, aux pierres du Temple.
« Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. »
Il importe de détruire l’inacceptable pour laisser place à une nouvelle réalité : le corps ressuscité de Jésus le Christ. Verbe fait homme pour conduire tout humain à Dieu.
Regardons nos eucharisties.
Nous sommes dans le domaine du sacré. Là, nous sommes en présence de Dieu. Nous y sommes afin de devenir saints. Le sacré ne nous enferme pas sur nous-mêmes. Il nous ouvre sur l’extérieur. Il est l’outil pour que l’on devienne d’authentiques missionnaires sans frontières. Nous sommes, vivifiés par l’eucharistie, les pierres vivantes qui, comme une eau bienfaisante, vont donner vie à tout ce qui est sur terre. Notre mission alimente une réelle fraternité universelle, sans frontière. L’humanité saura qu’elle est bien-aimée de Dieu.
Rappelons l’envoi en mission à l’issue de toute eucharistie : allez dans la paix du Christ. Par toute votre vie rendez gloire à Dieu. Nous le pouvons parce que rendus saints dans et par le sacré.

basilique du Latran, Benoît XIII - la reconsacra en 1724




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