Homélie 2 novembre 2025
- Francis Roche
- 4 nov.
- 3 min de lecture
Lectures : Isaïe 25, 6a.7-9 / Psaume 26 / Jean 14,1-6
« J’ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la Maison du Seigneur tous les jours de ma vie pour le contempler en sa beauté (Ps 26) » En ce jour de commémoration des fidèles défunts, le Seigneur est pour nous lumière et salut. Il est salut comme une salutation parce qu’Il voudrait prendre chacun de nous dans ses bras et nous dire sa grande tendresse devant les peines et les deuils de nos vies. Il est lumière dans la pénombre de nos peurs et de nos doutes. C’est pourquoi l’espérance chrétienne, qui n’est pas un placebo ou une idée mièvre, nous appelle à chercher la Maison du Seigneur pour le contempler en sa beauté.
Cherchons la Maison du Seigneur parce que nous savons que nous sommes de passage sur cette terre, et que ce monde n’est pas l’ultime de l’existence. C’est pour une nouvelle naissance que nous nous préparons, sans pour autant rien négliger de nos devoirs d’état, de nos engagements, de l’accomplissement de notre métier d’hommes et de femmes ici-bas. C’est même par la qualité de notre présence les uns aux autres que nous recevrons d’entrer dans la Maison du Seigneur, car « ce que tu as fait aux plus petits d’entre les miens, c’est à moi que tu l’as fait… » et aussi : « aimez-vous les uns les autres comme moi, je vous ai aimés »
Car le Seigneur nous prépare une place, dans les nombreuses demeures de la Maison de son Père. Il est le chemin qui nous y conduit, la vérité qui se fait quand nous aimons, la vie qui devient éternelle quand Dieu s’en mêle. Nous, nous ne savons pas le chemin, mais nous avançons dans la foi, sur la parole même de Jésus. « Je suis la résurrection et la vie. Crois-tu cela ? » demande Jésus à Marthe et Marie. Cette confiance commence maintenant quand Jésus nous invite à demeurer dans son amour et que chacun de nos cœurs devient la Maison du Père.
Jésus n’a triché ni avec la vie ni avec la mort. Il a regardé en face la réalité concrète de l’existence humaine, jusque dans sa vulnérabilité, ses fatigues, ses limites et son péché, ses refus d’aimer. Toutes les pages de l’évangile le montrent écoutant, regardant, proche, et sensible aux joies et aux peines de ses contemporains. Il a déposé tout cela sur la table de son dernier repas, avec un peu de pain et un peu de vin, en célébrant la Pâque de son peuple, la mémoire d’un passage, d’une libération, d’une sortie vers une terre nouvelle. Il a fait mémoire d’un peuple tout entier, de l’histoire humaine jusqu’à nous aujourd’hui. Quand nous célébrons l’eucharistie, cette mémoire est vivante, c’est aujourd’hui qu’en se laissant manger, le Christ nous donne sa vie et qu’il continue de se partager pour que tous prennent place au banquet de son Royaume. Par conséquent, nous éprouvons ce qu’est la communion des saints, la famille sans frontière du Dieu qui a le cœur à taille d’océan et qui ne veut qu’aucun ne se perde. Je sais personnellement que c’est dans l’eucharistie que je suis le plus proche de mon propre papa décédé il y a des années.
Habiter la Maison du Seigneur tous les jours de ma vie pour le contempler en sa beauté… C’est peut-être particulier de parler de la beauté de Dieu alors que notre cœur est lourd, parfois révolté ou abattu devant le deuil d’un proche. La beauté de Dieu dépasse les cultures, les préférences et la subjectivité. Elle est divine, éternelle et infinie. Mais la beauté de Dieu dépasse notre entendement et notre capacité à comprendre. C’est cette beauté qui retourne la laideur de la croix, la vilenie de la haine, le vide de l’absurde. Cette beauté se dit dans la lumière, les mille nuances de couleur de la Création, l’incroyable diversité des formes de vie, l’étonnante sensibilité des arts multiples, la complexité inégalée de l’esprit humain. Oui, Dieu est beau et c’est ainsi que le contemple déjà celles et ceux qui nous précèdent dans sa Maison. Et peut-être nous appelle-t-il aujourd’hui à sortir de la grisaille de nos vies pour laisser le grand vent de son Esprit colorer de lumière et d’espérance chaque parcelle d’humanité, chaque espace de vie ?
Bernard VIGNERAS





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