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Homélie de Michel DURAND, 7ème dimanche de Pâques, 1 juin 2025


Lapidation d’Étienne
Lapidation d’Étienne

Homélie de Michel DURAND, 7ème dimanche de Pâques, 1 juin 2025

Mot d'entrée messe

Je le copie en ce lieu car il m’est apparu, quand de l’ai entendu, vraiment en lien avec ma méditation.

Nous sommes réunis aujourd'hui dans le temps liturgique entre la fête de l'Ascension et celle de la Pentecôte.

Le christ ressuscité a disparu aux yeux des femmes et des hommes qui l'accompagnaient mais il leur a fait la promesse qu'ils ne resteraient pas seuls car l'esprit leur seraient donné. Ce sera à l'occasion de la Pentecôte.

Le départ du Christ nous place dans une situation nouvelle, nous avons dorénavant la responsabilité de prendre à bras le corps son message, de lui donner vie en nous et entre nous avec le soutien de l'esprit.

La sœur dominicaine Anne Lécu écrit dans une tribune récente, la seule radicalité chrétienne est celle de la générosité. Nous sommes invités à ouvrir nos cœurs et nos intelligences à la vie du ressuscité qui nous est donnée à profusion, dans la singularité de nos vies. Sa générosité deviendra la nôtre dans les décisions que nous avons à prendre au fil des jours.

J'entends les textes de ce jour comme un vibrant appel à la confiance, ne craignons pas même si le temps s'est obscurci pour un moment.

 

« Voici que je contemple le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu » (Ac 7, 55-60)

Ps 96 (97), 1-2b, 6.7c, 9 : Le Seigneur est roi, le Très-Haut sur toute la terre 

« Viens, Seigneur Jésus ! » (Ap 22, 12-14.16-17.20)

« Qu’ils deviennent parfaitement un » (Jn 17, 20-26)

  

Je regarde la première lecture.

La violence contre Étienne est à son comble. Violence verbale et violence physique qui atteint son but : empêcher Étienne de parler alors qu’il déclare :

« Voici, je contemple les cieux ouverts : le Fils de l’homme est debout à la droite de Dieu ».

Lapidation

De nos jours, les lapidations sont plutôt numériques. Celles-ci ne laissent aucune chance aux accusés, même si elles ne tuent pas les corps. Je parle des réseaux sociaux, X, TicTok, Instagram et autres qui, destinés à créer du lien - nous en profitons tous - peuvent également détruire les réputations. Nous observons que les réseaux sociaux dans les quartiers urbains - même dans les villages -, peuvent agir comme un catalyseur de violence en facilitant l'organisation de comportements violents et en alimentant la haine.

« Ils l’entraînèrent hors de la ville et se mirent à le lapider. »

Je dis cela sans ignorer que ces outils peuvent également servir de justes causes. Ainsi on vient d’observer que les jeunes participent davantage à Pâques grâce aux échanges numériques.

Dialogue

Comment vivons-nous l’écoute d’opinions, de comportements, de lois que nous ne partageons pas ? Jeudi dernier (Ascension) Cesare par son homélie (loi sur la fin de vie et marche vers l’Ascension du Christ) a ouvert la question. Je m’en inspire.

En démocratie, bien que souvent recouverte par les brouhahas de multiples informations, la parole est possible. Ainsi, le chrétien qui veut témoigner du sens de la vie sait qu’il doit être ouvert à la critique. Il argumente son propos avec rigueur et l’annonce sans arrogance. Je trouve juste ce qu’a dit Jean-Claude Guillebaud,  journaliste, entre autres, chez Le Monde, La Vie ; grâce à la mémoire de mon ordinateur j’ai retrouvé ceci dans mes notes : « Quant aux moqueries, aux tracasseries, aux relégations médiatiques, voire aux haines récurrentes auxquelles s'exposent les croyants en agissant ainsi (proposer le sens de la vie), convenons qu'elles font sourire comparées aux persécutions du passé ou même à celles qui perdurent, en 2007, dans d'autres parties du monde. « Être traité de “réac” dans Charlie Hebdo, ce n'est pas tout à fait la même chose que d'être livré aux lions par Néron en l'an 64 ou par Dioclétien en 304 ».

Fin de vie. Nous sommes, nous serons tous face à Dieu, comme Étienne

Il est question dans la prière eucharistique de se situer, de placer l’homme sur terre dans sa tension vers Dieu, Christ ressuscité. Le Fils de l’homme est debout à la droite de Dieu. Contemplons Celui qui offre la Bonne Nouvelle. Écoutons-le, Suivons-le.

Qu’elle force d’âme faut-il avoir pour vivre de la sorte, sans se laisser enfouir dans le mensonge, la veulerie, les débats qui n‘en finissent pas ! Et là je repense, évidemment, aux possibles mensongers réseaux sociaux.

Pour être bien avec tout le monde, pour ne faire de tort à personne, le risque, de s’écraser, d’être tiède, ni blanc, ni noir ; bref, d’être sans consistance, sans spécificité chrétienne..., le risque existe vraiment pour nous. Vous comprenez bien. Quand je parle de « spécifique chrétien », je ne parle pas de vêtements, de coutumes, de traditions, de signes, qui, d’une façon sectaire, nous mettraient à part. Je parle de vie, de comportement dans l’existence qui résulte de notre vie intérieure.

Sous l’impulsion de l’Esprit, nous sommes appelés à vivre de la « subversion évangélique ».

Je serais prétentieux, et dans le mensonge, si je disais, pour concrétiser ma parole que j’arrive constamment à poser des gestes selon l’Évangile. Je ne peux que dire - et nous en sommes tous là - que je souhaite avoir en permanence un tel comportement. C’est seulement en équipe de chrétiens, avec la traditionnelle révision de vie, qu’il est possible de discerner la qualité évangélique de nos actes. Je souligne donc l’importance des groupes de discernement, de l’accompagnement spirituel. Où en suis-je dans ma vocation baptismale de prêtre, prophète et roi… de disciple du Christ ?

La foi d’Étienne n’a qu’un regard de miséricorde.

« Seigneur Jésus, reçois mon esprit. »Puis, se mettant à genoux, il s’écria d’une voix forte : « Seigneur, ne leur compte pas ce péché. »Et, après cette parole, il s’endormit dans la mort.

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