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Homélie de Bruno Millevoye, 3e dimanche de Carême, 3 mars 2024


Homélie de Bruno Millevoye, 3e dimanche de Carême, 3 mars 2024

Le puits de Jacob est le symbole d’une tradition religieuse. La tradition, religieuse ou non, est ce qui nous rassemble, qui nous donne une identité laquelle soutient notre existence. La tradition, c’est une histoire à laquelle nous appartenons qui nous rend fier. Avoir une tradition, se reconnaître dans une tradition est bon. Cela valorise ceux qui appartiennent à cette tradition.

Mais ce qui est bon peut devenir mauvais. Au lieu de soutenir la vie des hommes, la tradition peut en devenir un empêchement. C’est ce qui se produit dans la rencontre entre Jésus et cette femme samaritaine. « Comment toi, un juif, tu peux me demander à boire à moi, une samaritaine ? » Le puits de Jacob qui est le symbole d’une histoire d’hommes et de femmes, qui est fait pour donner de l’eau à quiconque vient puiser devient le signe d’une division, d’une opposition, d’un conflit.

Le puits de Jacob est une tradition religieuse. Il a pour but de favoriser notre lien avec Dieu qui s’est révélé dans l’histoire. Et bien ce symbole devient le contraire de ce pourquoi il existe. Il provoque, au nom de Dieu, un conflit entre les juifs et le samaritain : « Comment toi un juif ? »

Il y a tant d’exemples, de traditions qui provoquent des conflits qu’on peut être tenté de ne plus accorder de l’importance aux traditions. Mais ce faisant, nous risquons de perdre une part de notre histoire et de ce qui donne sens à notre existence. (Le présent devient la règle.)

Dans de telles circonstances, la façon dont Jésus s’y prend est exemplaire. Sans entrer dans le conflit, sans supprimer la tradition, il va redonner au puits de Jacob sa raison d’être. Il commence par dire une chose de bon sens : « Donne-moi à boire. » Le puits de Jacob a une histoire, il est devenu un symbole qui oppose deux peuples mais il reste un puits et un puits est fait pour donner de l’eau à boire. « Donne-moi à boire. »

Quand la samaritaine le provoque : « Toi un juif… » il ne surenchérit pas dans l’opposition. En revanche, il rappelle la raison d’être de ce puit et de ce qu’il signifie : « Si tu savais le don de Dieu. » Ce puit et la tradition qu’il manifeste n’existent pas pour nous opposer mais pour nous soutenir dans notre relation à Dieu. Et pour que notre relation à Dieu soit bénéfique, il est indispensable de donner à boire à celui qui le demande. L’autre d’ennemi devient un ami.

La samaritaine ne se laisse pas faire : « Qui es-tu pour prétendre être plus grand que notre Père Jacob ? » Nous ne nous laissons pas faire, nous ne voulons pas revisiter nos traditions, retrouver leur raison d’être, ici commencer par donner de l’eau à celui qui a soif.

Jésus persiste. Je reformule sa réponse pour me faire comprendre. Si tu bois de cette eau du puits de Jacob qui est le puits des samaritains, tu auras toujours soif, tu ne seras jamais satisfaite. En revanche, si tu bois l’eau que je te donne alors l’eau que tu auras acceptée de moi sera en toi une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. Jésus dit un peu plus loin dans la conversation : « Dieu est esprit et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. »

C’est ce que nous donnons ou acceptons de l’autre qui est source d’eau vive et qui nous apprend à adorer Dieu en vérité.

Ainsi l’eau est signe de vie. L’eau dont nous avons tous besoin peut devenir l’eau jaillissant pour la vie éternelle. Telle est l’eau du baptême auquel Inès, Nicole, Laurie-Lou, Saad et Florian, vous vous préparez en vivant cette étape des scrutins.

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