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Homélie de Bruno Lachnitt, diacre pour la Pentecôte

Dernière mise à jour : il y a 3 jours


Je voudrais m’arrêter sur la phrase de l’épître de Paul aux Romains entendu en deuxième lecture : « Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! » Cet Esprit, nous l’avons reçu lors de notre baptême, plus encore à la confirmation pour certains d’entre nous et il n’est jamais trop tard pour cheminer vers la confirmation. L’affirmation de Paul nous invite à nous interroger sur ce que qu’est-ce c’est qu’être libre.

Au mois de septembre comme chaque année, le prix de la liberté intérieure récompensera un livre de littérature spirituelle. L’aumônerie des prisons est partenaire de ce prix et cette année, deux voix du jury seront celles de personnes détenues. Quel beau signe que des personnes privées de liberté contribuent au prix de liberté intérieure.

On a tendance à penser qu’on est libre quand on ne nous impose pas de l’extérieur ce qu’on doit faire, ou ce qu’on ne peut pas faire. Mais les esclavages que nous vivons sont le plus souvent des esclavages consentis. On peut être esclave d’addictions, de l’argent, de nos écrans, de beaucoup de choses après lesquelles ont court et qui aliènent notre liberté. On peut rechercher dans notre vie les attachements qui sont devenus des liens dont nous ne pouvons nous défaire.

La liberté, c’est un chemin à inventer. La volonté de Dieu sur nous n’est pas comme un tiret pointillé dessiné à l’avance et qu’il suffirait de suivre. Dieu est le seul dont on peut vraiment dire que faire ce qu’il veut nous rende libre, parce que ce qu’il veut pour nous, c’est précisément nous libérer de tous les esclavages, y compris ceux que nous choisissons nous même, et nous permettre d’inventer un visage unique de lui. Le souffle de l’Esprit nous rend libres.

Chacune, chacun de nous a une expérience différente de l’Esprit-Saint. Peut-être pensons-nous n’avoir aucune expérience de l’Esprit-Saint parce nous ne parlons pas différentes langues comme les apôtres, que nous n’avons rien ressenti d’exceptionnel qui serait le signe du don de l’Esprit-Saint.

Mais Paul écrit au chapitre 13 de la première lettre aux Corinthiens, que même s’il parlait toutes les langues des hommes et des anges, même s’il avait une Foi à déplacer les montagnes, s’il lui manque l’amour, tout cela ne lui sert à rien. L’Esprit-Saint n’est pas à chercher dans des manifestations extraordinaires, mais dans le souffle qui nous anime quand nous aimons, quand nous nous mettons au service, quand nous sommes attentifs aux autres.

Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus dit aux apôtres que l’Esprit-Saint leur fera ressouvenir de tout ce qu’il leur a dit. Se souvenir, relire sa vie, c’est discerner avec l’aide de l’Esprit-Saint, les moments où Dieu nous a visités, en repérant les moments qui nous ont fait grandir, qui nous ont construit. C’est à cet exercice que Jésus invite les apôtres, éclairés par l’Esprit-Saint : se souvenir des moments passés avec lui, des paroles qu’il leur a dites, et y trouver l’élan pour aller de l’avant.

Et si nous profitions de ce temps de Pentecôte pour considérer dans notre vie quand l’Esprit est à l’œuvre, quand il a produit des fruits d’amour, de joie, de paix, de patience, de bonté, de bienveillance, de fidélité, de douceur, de maîtrise de soi ? Ce sont les fruits que l’apôtre Paul identifie comme fruits de l’Esprit dans l’épitre aux Galates en opposition aux tendances de la chair dont parle aussi l’épître aux Romains que nous avons entendu. La chair, ce n’est pas le corps dont Paul dit ailleurs qu'il est le temple de l'Esprit. Il ne s'agit pas non plus de cette chair dont nous dirons tout à l'heure dans le credo que nous attendons sa résurrection. La chair sous la plume de Paul, c’est ce qui nous tire vers le bas, ce qui s'oppose aux fruits de l’Esprit : convoitise, colère, avidité, arrogance, ressentiment, mensonge, vanité, ego…

Dans ce combat spirituel où chacune et chacun de nous est engagé, ouvrons nos cœurs au souffle de Dieu, demandons la grâce comme le dit la séquence de la liturgie de cette fête de la Pentecôte, qu’il lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guérisse ce qui est blessé, assouplisse ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rende droit ce qui est faussé, et plus encore développe notre capacité à aimer de sorte que Dieu fasse en nous sa demeure selon la promesse de cette page d’évangile. Amen.


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