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Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur — Homélie de Bruno LACHNITT, diacre

Les textes que nous venons d’écouter sont si denses et riches qu’il y aurait beaucoup à dire, mais ils sont aussi si long qu’il est convenable d’être court. Il s’agit donc d’aller à l’essentiel au moment d’entrer dans cette semaine où le triduum pascal est le sommet de l’année liturgique. Nous avons commencé cette liturgie avec la fête des rameaux : la foule acclame Jésus dans un élan spontané mais sans lendemain. Nous venons alors d’écouter la lecture de la passion. La foule a changé de camp. Marc ne précise pas si ce sont les mêmes qui criaient la veille « hosanna au fils de David », et qui crient maintenant « à mort ! ». Mais les disciples sont dispersés, Pierre renie trois fois, seules les femmes restent là jusqu’au bout. Jésus est seul. Au cours du dernier repas pris avec eux, il leur a annoncé que l’un d’entre eux allait le livrer et je ne sais pas si vous avez remarqué, mais chacun d’entre eux se demande « serait-ce moi ? » C’est surprenant. Chacun pourrait regarder les autres en se demandant lequel serait le traître, or chacun interroge sa propre conscience sur sa complicité avec les forces qui vont mettre Jésus à mort. Cela nous renvoie finalement chacun à l’essentiel. Où en suis-je, moi, avec Jésus ? Je soulignais l’apparent retournement de la foule. Dans une foule on suit comme des moutons. Jésus, lui, nous interpelle toujours personnellement : « et toi que dis-tu, qui dis-tu que je suis, que veux-tu que je fasse pour toi ? » Il s’agit de répondre personnellement à l’amour de Dieu. La passion de Jésus, ce n’est peut-être pas à entendre d’abord au sens de la souffrance : on dit "je t'aime, un peu, beaucoup, passionnément..." Ce récit nous dit que Dieu nous aime au point de se dépouiller de sa divinité, nous dit la deuxième lecture de Paul aux Philippiens, pour venir nous chercher, pour nous réconcilier avec lui. Il nous aime passionnément et même à la folie car donner sa vie comme ça pour nous, c’est fou. L'important à contempler dans la Passion, c'est l'Amour. A l'extrême nous dit Jean dans le texte qu'on entendra jeudi, au point qu'on ne peut pas aimer plus que ça.




Le refrain du psaume fait écho au cri lancé par Jésus au moment de mourir : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? ». Au cri de tous les souffrants qui à travers l’histoire se sont désespérément tournés vers un ciel vide, Dieu répond en prenant en Jésus la place de l’innocent torturé victime de notre violence. Le cri de l’homme abandonné par Dieu et celui de Dieu trahi par les hommes ne font plus qu’un désormais et de cette réconciliation jaillira la Vie.

Nous avons donc aujourd’hui le programme de la semaine qui s’ouvre devant nous. Entre les trois lectures que nous avons entendues, il y a un fil commun : la figure du serviteur. Le texte d'Isaïe est tiré de ce qu'on appelle le chant du serviteur souffrant. Paul nous dit que Jésus s'est dépouillé du rang qui l’égalait à Dieu pour prendre la place du serviteur et le texte de la passion est le récit de cet abaissement. La figure de l'amour fou de Dieu pour nous est la figure du serviteur. Cette révélation appelle de notre part une réponse qui soit à la hauteur, c'est à dire au plus bas.

Une foule acclame ou siffle, mais ne se met pas au service. Une foule peut se mettre aux ordres, s'asservir, laisser sa liberté en gage à l'idole, au chef. Mais le service est tout sauf l'asservissement, il est la liberté absolue de celui qui s'abaisse par amour, il nous fait goûter à la liberté de Dieu. Cette semaine sainte peut être l'occasion pour chacune et chacun de nous de trouver comment il, elle est invité.e à se mettre au service. Au service de qui, de quoi ? Mais une chose est sûre : l'Amour appelle une réponse, et ce que nous allons célébrer maintenant en faisant mémoire du dernier repas de Jésus avec ses disciples, dont nous avons entendu le récit tout à l'heure, c'est le don de l'amour pour que nous en devenions ensemble le signe. Ainsi soit-t-il !


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