Marie mit au monde son fils premier né à Bethléem en Judée. Alors le ciel loua et chanta la gloire de Dieu.
Mais Bethléem en Judée est en guerre. Cette région du monde est en guerre. Mais aussi l’Ukraine. Et pas seulement. L’Arménie, le Burkina Faso, le Yémen, l’Ethiopie, la république démocratique du Congo… la liste des pays en guerre n’en finit pas. Il faudrait y ajouter ces pays où les taux d’homicides dépassent ceux des pays en guerre. Les quartiers de nos villes où la délinquance impose sa loi… Y ajouter ces pays qui oppriment leur minorité ethnique. Y ajouter les pays où les femmes sont victimes de discriminations. Y ajouter les pays où l’orientation sexuelle quand elle n’est pas hétérosexuelle est criminalisée…
Bethléem est en guerre. Pouvons-nous louer Dieu et chanter sa gloire, être dans la joie et l’allégresse ?
Ce n’est pas une question nouvelle. Elle traverse toutes les époques car toutes les époques connaissent la guerre. Le film Joyeux Noël raconte la trêve qui avait permis d’arrêter les combats pendant la guerre de 14-18, première guerre mondiale, pendant quelques heures avant que les combats ne reprennent et que ceux qui avaient fraternisé soient obligés de se massacrer à nouveau.
Avons-nous le droit de nous réjouir quand la guerre impose sa loi ?
C’est une question pour les jours de fête mais aussi pour les autres jours pendant lesquels nous cherchons ce qui pourrait arrêter les guerres. A la télévision, dans les journaux, des personnes expliquent ce qu’il faudrait faire. J’ai écouté l’échange entre deux personnalités que j’apprécie sur le conflit israélo-palestinien Pascal Boniface et Rony Brauman. Celui-ci terminait en disant : J’aurais aimé en cette période de fêtes annoncer une bonne nouvelle mais je n’ai pas de bonne nouvelle à annoncer.
La fête de Noël porte-t-elle une bonne nouvelle quelles que soient les circonstances ? Oui.
A son époque, lointaine mais tout autant touchée que la nôtre par les conflits, le prophète Isaïe, personnalité publique de renom, annonçait la venue d’une grande lumière et promettait l’allégresse. Toute cette espérance était portée par un enfant : « Un enfant nous est né. » A Bethléem aussi un enfant est né. Que viennent faire les enfants dans nos conflits d’adultes ?
Jésus a grandi et lorsqu’il a enseigné, il a lui aussi parlé des enfants.
Mt18, 01 Les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Qui donc est le plus grand dans le royaume des Cieux ? » 02 Alors Jésus appela un petit enfant ; il le plaça au milieu d’eux, 03 et il déclara : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. 04 Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des Cieux.
Un enfant. Tel est la bonne nouvelle de Noël. Changer pour devenir comme les enfants, tel est ce qui nous est demandé pour que notre monde incline du côté de la justice et de la paix, de la joie et de l’allégresse.
Je célébrai un peu en avance Noël avec l’établissement Pierre Termier. J’avais en face de moi des collégiens et des lycéens. Je leur ai demandé : « Voulez-vous être comme des enfants ? » Un murmure rieur a traversé l’assemblée. Comment un ado aurait envie de devenir un enfant alors qu’il veut être reconnu comme un adulte. Mais est-ce qu’un adulte veut devenir un enfant ?
A l’occasion des baptêmes des petits enfants, il m’arrive de demander, parce que l’évangile qui a été choisi parle des enfants, ce que les enfants ont que nous n’avons pas ou plus. Souvent il est question d’innocence, de pureté. Je ne sais pas si les enfants sont innocents. Ils sont si vites plein de ce que nous sommes.
Quand l’ange annonce à Marie qu’elle sera la mère du sauveur, il ajoute que rien n’est impossible à Dieu. Peut-être que les enfants ont cette capacité de penser que rien n’est pas impossible, que tout est possible. Plus exactement que ce qui est impossible n’existe pas. Le contraire de ce que nous pensons.
Ils sont aussi fragiles et dépendants comme les pauvres, comme l’étranger qui frappe à notre porte. Se considérer comme dépendant les uns des autres. Penser l’autre comme celui dont j’ai besoin sans avoir peur de lui, sans arrière penser. Espérer l’autre comme celui qui a besoin de moi. Au lieu de se craindre, jouer ensemble.
Quelques pistes donc pour découvrir ou redécouvrir combien il est nécessaire de changer pour devenir comme un enfant et alors chanter la gloire de Dieu en vérité.
Comments