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Prendre Soin dans l’accompagnement des Funérailles

Il y a quatre ans, après une réflexion sur plusieurs pistes, j’ai décidé de m’impliquer  au sein de ma paroisse. Lors d’un séjour dans un monastère, un couple de  retraitants m’a parlé de l’urgence de trouver quelqu’un pour rejoindre l’équipe des  funérailles de leur paroisse. Vivant dans le même arrondissement, cette parole m’a  touchée Après réflexion et échanges, j’ai choisi de m’engager. Ce fut un moment où  mes peurs et doutes se mêlaient à une assurance intérieure qui m’a poussée à agir.  Ayant beaucoup reçu dans ma vie chrétienne, il m’a semblé que c’était l’opportunité  idéale pour rendre ce que j’avais reçu, au service de mon église. Le lien entre "le  prendre soin" et l’accompagnement des funérailles se décline de plusieurs façons :

1. Accueillir l’autre dans sa vérité

L’accueil des personnes endeuillées est au cœur de mon engagement. Il ne s'agit pas  seulement de les recevoir, mais de les accueillir dans ce qu'elles sont et où elles en  sont. Cet accueil, je le fais au nom d’un Autre, c’est-à-dire de Dieu. Il ne s’agit pas de  juger ni d’idéaliser la personne, mais de l’écouter avec bienveillance, sans porter de  jugement. Chaque vie, chaque histoire est unique, et il est important de la  reconnaître dans sa vérité. L’accompagnement passe aussi par une écoute attentive  des relations qui se sont tissées autour du défunt : relations heureuses, blessées,  inachevées, parfois marquées par le besoin de pardon. Dans cette étape de l’accueil,  il est essentiel de montrer de la bienveillance, de souligner la dignité du défunt, et  de découvrir comment chaque vie est porteuse de lumière et d’ombre. Chaque vie  singulière est précieuse et féconde et ouvre sur du plus grand que l’on peut  connaître ou croire connaître.

2. Être un passeur, offrir consolation et espérance 

Accompagner les familles dans la préparation des funérailles, c'est aussi être un  passeur de mémoire et d’espérance. Le témoignage écrit sur la vie du défunt, même  s’il n’est pas toujours facile à rédiger, permet à la famille de se réapproprier son  histoire et de l’exprimer avec ses propres mots. Parfois, ce récit est simple, parfois  plus élaboré, mais il est toujours porteur d’une vérité. Il est important de veiller à ce  que les choix musicaux, les poèmes, les chants et les textes de la cérémonie soient  en adéquation avec le souhait des familles tout en respectant l’esprit de la  célébration. Accueillir ces choix avec bienveillance et discernement, c’est aussi laisser place à la  singularité de la personne et des familles. Aucune situation n’est la même. Ces  parcours humains divers nous invitent à nous émerveiller des chemins inattendus par  lesquels le Seigneur rejoint chacun.

3. La liturgie des funérailles comme source d’espérance 

La liturgie des funérailles repose sur la Parole vivante de Dieu et les symboles du  baptême. Ces symboles – la lumière, l’eau, le signe de la croix – sont au cœur de la foi  chrétienne et rappellent la promesse de la vie éternelle. En préparant les funérailles, je  veille à choisir des textes bibliques qui parleront à ceux qui y participent, qu’ils soient  croyants ou non. Il est surprenant de constater que, même pour ceux qui ne sont pas  familiers des Écritures, certains passages résonnent profondément. Le plus important,  c’est d’offrir une parole vivante et porteuse d’espérance. Ce travail demande une  véritable écoute et un temps de préparation, afin que la Parole de Dieu soit reçue avec  tendresse, et que les mots prononcés puissent être des sources de consolation. La  liturgie devient alors un chemin de foi et d’espérance, à la fois pour les vivants et pour  les défunts.

4. L’accompagnement en Église, soutenu par une communauté chrétienne

L’accompagnement des funérailles s’inscrit dans le cadre de l’Église, soutenu par une  équipe ou une communauté chrétienne. Je me présente toujours devant l’assemblée  en précisant que j’agis en tant que laïque chrétienne ayant reçu de la paroisse la  mission de conduire la célébration des funérailles Face à l’assemblée, je me tiens  debout, à la jonction de l’horizontalité (avec les personnes présentes) et de la  verticalité (en communion avec Dieu). C’est un moment fort où l’on porte ensemble  une parole d’espérance et de consolation. Ce service me permet de témoigner de  l’amour de Dieu, de l’humanité souffrante, et de la puissance de l’esprit qui peut agir  même dans la douleur. L’accompagnement des familles pendant cette épreuve me  permet aussi de voir des signes de vie, des petites réconciliations ou des retrouvailles  inattendues. Ces signes sont de véritables miracles de l’amour divin. L’équipe des  funérailles tient à ce que le nom du défunt soit nommé au cours de la messe suivant  la célébration des funérailles afin que la communauté paroissiale prie pour lui. La mort  fait partie de notre humanité et donc de la vie de la communauté chrétienne.

5. Pourquoi choisir de célébrer dans l’Église ? 

Pour moi, le Christ, mort et ressuscité, est au centre de ma vie. Même si je traverse  parfois des périodes de doute, c’est cette parole de Jésus qui m’accompagne : « A qui  irions-nous, Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle ». C’est cette espérance que je  veux partager en célébrant les funérailles dans l’Église, Je suis heureuse de témoigner de  cette douceur ,de cette tendresse ,de cette bonté d’un Dieu qui s’est incarné et n’a pas eu  peur d’aller au fond du gouffre de notre misère et de notre détresse pour nous relever,  nous faire grandir en humanité et nous sauver en nous faisant entrer dans sa vie de toute  éternité. Je crois profondément que l’Église, malgré ses faiblesses humaines, porte une  espérance inaltérable pour tous. C’est pour cette raison que je continue à offrir ce service  à ma communauté chrétienne, même si je me pose des questions sur l’évolution de la  société et de la pratique religieuse. La question de la sécularisation est bien réelle, et il est  important de réfléchir à la manière dont l’Église pourra continuer à accompagner les  personnes dans le deuil, même dans un monde de plus en plus éloigné de la foi. 

En conclusion, je dirais que l’accompagnement des funérailles est, pour moi, une véritable  grâce. C’est un service que je rends à mon Église et à l’humanité, tout en nourrissant ma  propre foi. C’est une mission qui enrichit ma vie spirituelle et me permet de témoigner de  l’espérance chrétienne dans le monde d’aujourd’hui. 

Monique Audinat pour l’Équipe Funérailles

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