Depuis cinq semaines, nous préparons nos cœurs à ce chemin qui s’offre à nous pour cette semaine sainte. Un verset peut la résumer dans les lectures de ce dimanche, la citation du livre de Zacharie par Matthieu dans l’évangile du début de la liturgie des rameaux : « Voici que ton roi s’avance vers toi ;il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne – sur un ânon tout jeune.[1] » Notre Dieu vient vers nous, « en humble place ». En humble place, c’est ainsi qu’Ignace de Loyola invite à contempler le Christ dans la deuxième semaine des exercices spirituels au cours de la méditation sur les deux étendards qui conduit le retraitant à épouser l’humilité, à faire le choix de suivre le Christ en renonçant à la richesse et aux honneurs.
En écho, on peut entendre la première lecture du chant du serviteur d’Isaïe : « Le Seigneur Dieu m'a ouvert l'oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé… je sais que je ne serai pas confondu. » Le Serviteur, c’est Celui qui disait à ses disciples au bord du puits de Jacob : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre ». Nous le verrons jeudi, les reins ceints, laver les pieds des disciples.
Le disciple, c’est celui qui se met à l’écoute, ainsi que commence la règle de Saint Benoit : « Écoute, mon fils, les préceptes du Maître et prête l’oreille de ton cœur ». Obéir signifie « prêter l’oreille ». Le disciple n’est pas plus grand que le maître, qui « s'est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu'à mourir, et à mourir sur une croix » comme le dit l’hymne aux Philippiens entendu en deuxième lecture. Il nous est difficile aujourd’hui d’entendre que le chemin de l’obéissance puisse être chemin de vie. L’obéissance résonne trop souvent pour nous comme une aliénation plus qu’un chemin de liberté. Et pourtant, quelle est la liberté de qui ne sait écouter que sa propre inclination ?
Nous avons aujourd’hui le programme de cette semaine qui est le sommet de l’année liturgique. Nous sommes invités à accueillir Celui qui vient vers nous en humble posture, à vivre à sa suite une sainte semaine. Nous avons passé ce Carême à l’écoute de la Parole : Il est la Parole et cette Parole nous allons maintenant la contempler dans la chair de sa Passion que nous venons d’entendre, corps livré, sang versé pour nous, et nous espérons qu’il nous sera donné d’en sortir un peu plus ses disciples. En Lui, dans cet abaissement, nous est révélé le vrai visage du Père. Si nous reconnaissons en ces jours saints qu’Il est le Chemin et la Vérité dans le dépouillement de sa Passion, il nous sera donné dans une semaine de l’accueillir comme la Vie donnée plus forte que la mort.
[1] Za 9, 9 Traduction œcuménique de la Bible
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