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Bruno Lachnitt

Homélie du deuxième dimanche de l'Avent par Bruno LACHNITT

Dernière mise à jour : 13 déc. 2023




Une voix crie : « préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.» L’évangile cite le texte d’Isaïe entendu en première lecture : « tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu. Que tout ravin soit comblé, toute montagne et toute colline abaissée ! Que les escarpements se changent en plaine, et les sommets, en large vallée !». Et nous pouvons nous demander quel est ce Dieu dont il faut aplanir le chemin ? N’est-ce pas plutôt lui qui devrait rendre droits nos sentiers, effacer les obstacles devant nos pas, détruire les murs qui nous séparent ou nous enferment ? Préparer le chemin du Seigneur : sa venue dépendrait-elle donc de nous ? N’est-il pas lui-même le chemin ? Dans le calendrier de l’Avent de La Croix qui est sous le signe de l’espérance et propose chaque jour une piste pour la nourrir, le premier jour était un entretien avec Corine Pelluchon qui publie début janvier un livre intitulé « l’Espérance ou la traversée de l’impossible ». Elle y disait que « l’espérance suppose l’expérience de la perte, et la dissolution de ses illusions, notamment de la toute-puissance ». Voilà bien une piste à explorer en ce temps de l’Avent pour être ajustés à la révélation de Noël.

Si nous regardons la terre sainte où Dieu a dressé sa tente, nous pouvons observer qu’on ne fait pas la paix avec des bombes et des bulldozers. Aplanir la route d’un Dieu qui est amour, c’est tout autre chose. Nous savons déjà que le Dieu que nous attendons ne vient pas avec les signes de la puissance ou le fracas du tonnerre. Le prophète Elie à l’Horeb avait reconnu sa présence au murmure d’une brise légère. L’Amour, pour se frayer un chemin dans notre monde, a besoin que nous retroussions nos manches, que nous changions notre mode de vie, que nous engagions une conversion.

Conversion, c’est le mot commun entre la deuxième lecture et l’évangile : « Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse » écrit Pierre à ceux qui prétendent qu’il a du retard. « Au contraire, il prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion ». Et Jean, dans l’évangile « proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés ». L’évangile dit que ceux qui venaient à lui reconnaissaient publiquement leurs péchés en engageant une démarche de conversion pour changer de vie.

Jean annonce la venue d’un autre, plus grand que lui. « Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. » Nous pourrions avec profit nous demander en ce temps de l’Avent, quels sont dans nos vies les fruits de l’Esprit ? La certitude d’être pardonnés nous dispenserait-t-elle de produire des fruits de conversion ? « Vous voyez, écrit Pierre, quels hommes vous devez être, (…) vous qui attendez, vous qui hâtez l’avènement du jour de Dieu… Car ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice ».

A quels changements sommes-nous invités dans notre vie pour préparer la venue du Seigneur ? Il semblerait à entendre les lectures de ce jour que nous ne devions pas attendre passivement le règne de Dieu comme on attend un spectacle mais le hâter, comme l’écrit Pierre. La fin de l’année liturgique et le début de l’Avent se sont révélés en continuité par l’invitation pressante à veiller. Aujourd’hui la nature de cette veille est précisée : il ne suffit pas de nous tenir éveillés pour ne pas être surpris par cet avènement comme par un voleur, mais il dépend aussi de nous que nous en facilitions ou accélérions la venue.

L’Avent est le temps de l’espérance. Comme le disait encore Corine Pelluchon au journal La Croix, l’espérance « est l’attente de quelque chose qui est en germe et se rapporte à l’histoire... C’est une attente qui suppose disponibilité, ouverture… » N’est-ce pas ce que nous sommes invités à vivre en ce temps de l’Avent ? Plutôt qu’aux fracas du monde, quelle disponibilité, quelle attention accordons-nous à ce qui est en germe ? Quel engagement pour hâter la venue de ce que nous espérons ? Quel engagement dans la prière aussi. La banderole fixée à l’entrée de l’église dit que nous voulons être une église qui soutienne l’espérance. La prière est sans doute le premier lieu à ne pas déserter pour soutenir l’espérance. Etty HILLESUM écrivait dans le camp de transit d’où elle allait partir pour Auschwitz : « Je vais te promettre une chose, mon Dieu… Je vais t’aider, mon Dieu, à ne pas t’éteindre en moi… ». Soutenir l’espérance a quelque chose à voir avec ne pas laisser Dieu s’éteindre en nous et ce temps de l’Avent est une invitation à retrouver le chemin de la prière personnelle pour nourrir notre espérance et pouvoir ainsi soutenir l’espérance de celles et ceux qui nous entourent. L’Avent est plus court cette année, Noël tombant le lendemain du quatrième dimanche de l’Avent. Qu’il n’en soit que plus dense et riche pour que nous soyons à la hauteur de ce que nous exprimons au quartier sur la banderole qui est à l’entrée de notre église.


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