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Bruno Lachnitt

Homélie du 4ème dimanche de l'Avent, Bruno Lachnitt, diacre

Dernière mise à jour : 28 déc. 2023




Ce texte d’évangile que nous offre la liturgie pour ce quatrième dimanche de l’Avent m’évoque un tableau que celles et ceux d’entre vous qui sont allés à Assise ont pu voir et dont une réplique est dans le bureau de Bruno. Il représente cette scène de l’annonciation et on y voit Marie et l’ange dans cette petite maison de Nazareth mais aussi toute la cour céleste, Dieu, les anges, figés, comme suspendus à la réponse de cette jeune fille. C’est dire mieux que beaucoup de discours la place particulière de Marie dans l’économie du salut : le plan de Dieu, l’histoire sainte, l’accomplissement de la promesse, suspendus au « oui » de cette jeune fille vierge. Marie, n’est pas une « mère porteuse », une figurante interchangeable sollicitée pour l’occasion, dont d’autres attendraient la défection pour prendre sa place. De même que nous entendions ces jours-ci l’annonce faite en songe à Joseph et cette confiance radicale qu’il a faite lui aussi. Comme à Noël, Dieu se fait vulnérable entre nos mains, se risque à la fragilité, Dieu s’expose ici au risque du refus. On a trop tendance à l’oublier, comme si tout était écrit d’avance, comme si la confiance risquée au danger de notre liberté n’était qu’une formalité. Mais il est dans la nature même de l’amour de consentir au risque de se faire rejeter en mendiant une réponse à la hauteur du don qu’Il fait de lui-même.

Je crois que Marie était une jeune fille très pauvre, comme Bernadette SOUBIROUS, à qui ce n’est sûrement pas par hasard qu’elle a fait la grâce de lui apparaître. Une jeune fille assez pauvre pour pouvoir accueillir l’inouï sans prétendre à quelque mérite que ce soit et n’offrir que sa disponibilité à la grâce, la seule chose peut-être qu’elle avait à offrir.

Dans les exercices spirituels Saint Ignace nous propose une méditation sur l’Incarnation au premier jour de la deuxième semaine. Il invite le retraitant à « voir ceux qui sont sur la face de la terre, si différents, (…) les uns blancs, les autres noirs, les uns en paix, les autres en guerre, les uns pleurant, les autres riant, les uns en bonne santé, les autres malades, les uns naissant, les autres mourant… ». Puis Ignace nous invite à « voir et considérer les trois personnes divines » « comment elles regardent toute la face et la circonférence de la terre, et tous les peuples en si grand aveuglement » et à contempler comment « elles se déterminent entre elles que la deuxième Personne se ferait homme pour sauver le genre humain ». Puis il nous invite à « voir plus particulièrement la maison et la chambre de Notre-Dame, dans la ville de Nazareth, dans la province de Galilée ».

Ce focus à partir du plus universel vers cette petite maison de Nazareth, de Dieu devant lequel se tiennent les anges vers cette jeune fille à qui est envoyé l’ange Gabriel, est le même mouvement qu’on retrouve sur ce tableau vu à Assise : ce qui se joue dans ce « oui » déborde infiniment le cadre de cette scène et engage l’Histoire avec un grand H. C’est le mystère de l’incarnation, l’infiniment grand qui s’inscrit dans le plus petit, c’est le mystère de l’Amour, le tout-puissant qui se fait vulnérable.

Que retenir pour nous, au quotidien, de cette visite de l’ange à Marie ? Peut-être d’abord que quelque riches, savants, éduqués que nous pensions être, la disponibilité à la grâce est la seule chose que Dieu attend de nous et que cette ouverture engage beaucoup plus que notre petite personne. Gageons que comme pour Marie, notre disponibilité à la grâce a quelque chose à voir avec le salut du monde pour lequel nous offrons chaque dimanche « le sacrifice de toute l’Eglise ».

« Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur » s’écriera Élisabeth lorsque Marie viendra la visiter. « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la gardent ! » répond Jésus à celle qui s’écrie : « Heureuse la mère qui t’a porté en elle, et dont les seins t’ont nourri ! ». L’évangile nous donne ainsi trois bonnes raisons de déclarer Marie bienheureuse. Puissions-nous nous aussi être de ceux qui écoutent la Parole de Dieu et se rendent disponibles à la grâce pour contribuer à porter Dieu vulnérable en ce monde tourmenté.

Demain nous fêterons Noël, quand d’autres le fêteront dans les ruines et sous les bombes. Mgr Michel Sabbah, qui fut patriarche latin de Jérusalem de 1988 à 2008 nous invite à ne pas oublier les chrétiens de Palestine. Je vous partage son message, écrit à la veille de Noël cette année : « Noël est un temps où la Parole de Dieu nous visite pour effacer la mort et toute forme d'oppression. Nous pleurons avec la population de Gaza. Nous essayons de leur annoncer la nouvelle joie de Noël. Nous leur disons : Allumez une bougie à la flamme tremblotante au milieu de vos ruines. Dieu viendra. L'amour et la justice de Dieu l'emporteront sur le mal de l'humanité ». Il y a deux semaines, l’apôtre Pierre nous disait que « ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice ». Que pouvons-nous espérer à la veille de Noël avec les chrétiens de Gaza, les familles des otages qui y sont retenus, les immigrés frappés ici par une loi qui durcit encore des conditions déjà honteuses ? Il nous revient de ne pas laisser s’éteindre la fragile présence de Dieu au milieu de nous et de soutenir l’espérance de toutes celles et ceux qui fêteront dans une réalité désespérante la naissance de Celui qui accomplit la promesse.

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