Homélie de Michel Durand, 3e dimanche du temps ordinaire, 22 janvier 2023
Dans la Galilée des nations le peuple a vu se lever une grande lumière (Is 8, 23b – 9, 3)
Le Seigneur est ma lumière et mon salut (Ps 26)
Tenez tous le même langage ; qu’il n’y ait pas de division entre vous (1 Co 1, 10-13.17)
Il vint habiter à Capharnaüm pour que soit accomplie la parole d’Isaïe (Mt 4, 12-23)
Je souhaite situer cet évangile selon Matthieu, chapitre 4, 12 à 23, dans son histoire. Au chapitre 14, nous apprenons que c’est Hérode qui voulut l’arrestation de Jean le baptiseur ; il se trouva alors dans l’obligation de l’exécuter. On lui coupa la tête. Il s’agit d’Hérode Antipas, le fils d’Hérode le Grand, celui dont on parle à propos de la visite des mages auprès de Jésus alors qu’il était tétrarque (roi) de Judée, résidant à Jérusalem. Hérode Antipas est prince de Galilée. Son palais, là où Salomé se mit à danser pour le plaisir de son père et de ses invités (Mt 14), semble se trouver en Galilée à Nazareth.
Jésus, après son baptême par Jean dans le Jourdain en Galilée, s’était isolé dans le désert pour une quarantaine de jours. Puis, il était revenu en Galilée, vraisemblablement à Nazareth, la terre de ses pères, sa patrie. Sentant venir un danger suite à l’arrestation et l’exécution du prophète Jean, il quitta alors son lieu de vie pour se rendre à Capharnaüm situé à l’est, au bord de la mer de Galilée, également appelé lac de Génézareth. C’est au moment où Jésus se réfugie en ce lieu qu’il commence sa tâche d’évangélisation. Symboliquement, Jésus prend la suite de Jean Baptiste. C’est le moment d’appeler des disciples (Mt 4,18 ss).
L’évangéliste Matthieu désigne ainsi en Jésus le prophète de Nazareth en Galilée (Mt 21,11) qui se voit dans l’obligation d’abandonner cette génération mauvaise et adultère réclamant un signe (Mt 16,4). Il abandonne sa patrie comme il abandonne ses ennemis ou Jérusalem (Mt 21,17). Jésus part dans les territoires de Zabulon et de Nephtali.
Prenons la première lecture : le Seigneur a couvert de honte le pays de Zabulon…
« Vers l’an moins 700, les régions de la Nephtalie et de Zabulon étaient sous le joug des Assériens. La plupart des personnes vivaient dans les ténèbres, puisqu’elles étaient devenues aveugles par la faute des hommes. Les vainqueurs de la guerre laissaient la vie aux vaincus, mais ils leur crevaient les yeux. Dans ce contexte, le prophète Isaïe annonce qu’un jour, lors du retour à la liberté, la lumière se fera sur le pays ». « Galilée, toi le carrefour des païens : le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière (1ère lecture - Isaïe 8,23 et 9,1) » (cf A. Sansfaçon).
« Le Seigneur a couvert de gloire la route de la mer, le pays au-delà du Jourdain, et la Galilée des nations (carrefour des païens).
Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi.
Matthieu reprend la prophétie d’Isaïe et l’applique à Jésus. Celui-ci annonce que le royaume des cieux est proche. Les signes de délivrance vont se multiplier :
Jésus parcourait toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Évangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple.
Comment concrétiser dans notre quotidien cette Parole ?
Souvent nous disons que la vie avec le Christ ne sépare pas le domaine de la prière de l’engagement dans le monde. Nous rappelons que, pour l’Église, la Charité, le soin d’autrui, n’est pas une option ; c’est une obligation. Qu’en est-il exactement, notamment en cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens ?
Saint Ignace, dans une lettre aux Éphésiens, écrit : « Ayez donc soin de vous réunir plus fréquemment pour rendre à Dieu actions de grâces et louange. Car quand vous vous rassemblez souvent, les puissances de Satan sont abattues… Rien de tout cela ne vous est caché, si vous avez parfaitement pour Jésus-Christ la foi et la charité, qui sont le commencement et la fin de la vie : le commencement, c'est la foi, et la fin, la charité (cf. 1 Tm 1, 5). Les deux réunies, c'est Dieu, et tout le reste qui conduit à la perfection de l'homme ne fait que suivre. Nul, s'il professe la foi, ne pèche ; nul, s'il possède la charité, ne hait." On connaît l'arbre à ses fruits " (Mt. 12, 33) : ainsi, ceux qui font profession d'être du Christ se feront reconnaître à leurs œuvres. Car maintenant l'œuvre qui nous est demandée n'est pas simple profession de foi, mais d'être trouvés jusqu'à la fin dans la pratique de la foi ».
Jésus parcourait toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Évangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple.
De quelle façon pratiquons-nous, au quotidien, notre attachement à Dieu ?
Par le Christ, avec le Christ, en Lui, dans nos ténèbres, dans les absurdes obscurités et guerres qu’entretiennent les hommes qui imposent leur pourvoir, la grande délivrance est arrivée. Nous y collaborons concrètement par les soins que nous apportons en nous rendant proches des personnes en difficultés. La lumière jaillit de nos actions, car les parents éveillent leurs enfants à la prière et à l’engagement, non pas par de simples enseignements, mais par des actes conformes à leurs paroles. Ils font et ils expliquent. La lumière jaillit, car les personnes en détresse sont aidées. Par Jésus ressuscité, les hommes sont réconciliés avec Dieu et entre eux. Captifs des ténèbres, ils retrouvent la lumière.
Convertissons-nous, car le Royaume des cieux est présent et agissons en conséquence. Foi - prière et charité - amour, engagement concret.
Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes.
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