Pentecôte, cinquantième jour après Pâques.
Comment parler de cet événement, comment parler de la venue l’Esprit Saint sur les apôtres ? Comment bénéficier des merveilles de Dieu qui nous sont données par l’Esprit ? Mais petit nuage ou même gros nuage dans le ciel bleu, comment penser ensemble l’unité manifestée le jour de la Pentecôte et la réalité de notre Église incroyablement divisée ? Comment être vrai ? Ce serait un comble le jour où nous célébrons l’Esprit de vérité qui nous conduira à la vérité toute entière (Jn16, 13) de raconter des sornettes.
J’ai pensé aux symboles qui laissent voir la réalité de l’Esprit : le souffle, le créateur ; le feu, la force, l’engagement ; les langues, la parole l’intelligence ; l’eau, la vie ; la colombe, la paix, la bonne odeur du christ, le Saint-Chrême du baptême et de la confirmation, l’intériorité, la vie dans l’Esprit, la vie divine en nous…
Je me suis demandé pourquoi Jésus avait promis la venue de l’Esprit ? Pourquoi fallait-il qu’il parte pour que celui-ci vienne ? J’ai pensé aux relations qui unissaient Jésus et ses disciples. Tout cela m’a conduit à un mot : AMI.
L’Esprit est notre ami. Il est le même pour chacun. Jésus s’est fait notre ami mais dans un temps et un lieu limité. L’Esprit est notre ami sans limite ni d’espace ni de temps.
J’avais ce mot en tête quand je suis allé visiter la classe de CP de l’école Saint-Maurice. J’ai demandé aux enfants de me dire ce qu’était pour eux un ami. Voilà ce qu’ils m’ont dit :
« Il est gentil. On peut jouer avec lui. Il est joyeux. On peut lui parler, lui dire un secret. On peut rire avec lui. Il donne et on peut lui donner aussi. On peut lui faire confiance. Parfois il est méchant, alors on est triste. Mais on peut se réconcilier. »
J’ai été tenté d’en rester là. Imaginez une personne gentille en permanence à vos côtés, joyeuse quoi qu’il arrive… Et quand on se fâche, on n’a qu’une envie, se réconcilier…
Je suis comment même allé un peu plus loin ou autrement.
Cet ami est LE don de Dieu. Il vient quand nous le prions. Viens Esprit-Saint.
Sa mission est de nous faire souvenir de tout ce que Jésus nous a dit. Je cite l’évangile de Jean 14, 23ss : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure… Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »
Comment s’y prend-t-il ? Il est comme un ami qui se fait notre avocat et qui ne se résigne jamais de nous défendre de nous-mêmes qui nous résignons trop souvent à ne plus aimer.
C’est un ami forcément exigeant qui nous conduit à entendre et à accomplir l’évangile, c’est-à-dire tout ce que Jésus a dit et fait. Il est exigeant mais pas d’abord selon une règle fixée une fois pour toute mais selon les dons que chacun reçoit, selon ce que chacun est. Cependant, il nous conduit vers la Vérité toute entière. Il n’y a pas plusieurs Vérité mais une seule, celle que nous cherchons, celle que nous espérons, celle que nous redoutons aussi, au pied de la Croix de Jésus.
C’est un ami qui nous appelle à nous sanctifier. Chaque matin, il nous appelle à faire le bien. Chaque jour, il anime en nous le désir de Dieu, de la vie qui vient d’en haut. C’est pourquoi nous pouvons nous disputer parfois avec lui parce que nos aspirations d’ici-bas ont tendance à prendre beaucoup de place.
Quelle que soit la situation, il donne. Il donne l’intelligence. Il donne la persévérance. Il soutient nos engagements... Si nous sombrons, il ne se dérobe pas.
Il est donné à tous. Chacun est différent mais c’est le même Esprit. Grâce à cet ami, la communion devient possible. Elle est impossible sans lui. Il vient sur chacun et chacun peut parler une langue pour faire entendre les merveilles de Dieu.
C’est à cela qu’on reconnaît l’Esprit, lorsque nous devenons capables de faire entendre les merveilles de Dieu mais aussi de les entendre. Il se reconnaît de la même façon lorsque, en découvrant l’extraordinaire diversité des femmes et des hommes, de leur culture, venant de toutes les nations nous sommes émerveillés : Parthes, Mèdes, Elamites… C’est alors à nouveau et toujours la Pentecôte. L’Esprit est une multitude de visages. Tous sont des visages amis.
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