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Jean-Marc Thomasset

Homélie de Bruno Millevoye, fête de l’Épiphanie, dimanche 8 janvier 2023

Homélie de Bruno Millevoye, fête de l’Épiphanie, dimanche 8 janvier 2023

Deux noms de ville ont raisonné dans ces textes. Bethléem, la maison du pain symbole de cette maison nécessaire à tout enfant qui naît et qui lui apporte gratuitement ce dont il a besoin : l’amour, la sécurité, le pain. Et Jérusalem la ville de la paix, symbole de ce monde que nous voulons construire où la paix est la règle des relations en tous.

Entre ces symboles, l’idéal qu’ils expriment et la réalité, il y a un écart et même un grand écart. Trop d’enfants du monde n’ont pas de maison pour grandir. Trop de villes, trop de pays sont en guerre.

Pour réduire cet écart, nous nous engageons. Nous pouvons prendre des engagements moraux, avoir des comportements qui favorisent la paix. Nous pouvons prendre des engagements dans le domaine de la solidarité. Je pense à l’association - le passage - ou bien le Secours Catholique. Les scouts le font par l’éducation.

Pour porter ces engagements, nous pouvons développer en nous une vie spirituelle. C’est une des dimensions de l’éducation que propose le scoutisme.

Qu’est-ce que la vie spirituelle ?

Je vous propose de la penser à travers ce récit qui conduit des mages à la recherche de Jésus, le roi des juifs.

La vie spirituelle est comme une étoile qui se déplace et que nous décidons de suivre.

Elle est visible mais de nuit. Celle de ce récit est l’étoile de Jésus-Christ. Elle existe pour nous conduire à lui. Des amis qui ne sont pas croyants ou qui sont d’une autre confession religieuse pourraient dire peut-être qu’ils suivent aussi une étoile, avec la même intention que nous d’un monde qui prend soin des enfants, qui recherche la paix sans forcément mener à Jésus. Je m’en réjouis.

Si nous pouvons suivre l’étoile de Jésus, c’est que nous pouvons la voir. C’est important quand on parle de vie spirituelle d’éviter de penser que c’est un monde nébuleux, abstrait. Il y a beaucoup à découvrir, des réalités cachées mais c’est un monde qui se fait voir comme l’étoile et que l’on peut connaître comme on cherche à connaître le cosmos.

Voir, c’est connaître et connaître est un apprentissage. Mais, encore une fois, ce n’est pas une connaissance abstraite. Elle est fondée sur ce que l’on voit comme l’étoile, ce dont on peut parler. J’en donnerai un exemple pour terminer.

Comme c’est une connaissance, la vie spirituelle a besoin d’informations. La vie spirituelle qui conduit à Jésus passe par Jérusalem. Pourquoi ? Parce qu’à Jérusalem, il y a l’Ecriture, il y a la Bible, il y a la Parole de Dieu écrite. Cette parole est nécessaire pour grandir dans la vie spirituelle.

Nous pouvons remarquer en passant que la vie spirituelle est pacifiante et qu’elle rassemble. La Jérusalem d’Hérode est un lieu de pouvoir. Demander « Où est le Roi des juifs » aurait dû provoquer la colère, une réaction violente. Malheureusement elle viendra mais pendant un moment, toute une société se rassemble, cherche à répondre à la question qui est posée.

La vie spirituelle se conjugue avec la joie. En elle-même, elle procure de la joie : « Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie. »

Enfin, la vie spirituelle nous révèle la véritable vocation de l’homme et de la femme qui est d’offrir. Les contingences légitimes de la vie conduisent à prendre. Or, nous avons été créés pour offrir et offrir ce qu’il y a de plus beau, de plus vrai, de plus juste.

En même temps qu’elle est une connaissance, la vie spirituelle est un engagement. Elle suppose de se mettre en route comme l’ont fait les mages. S’ils se sont mis en route, c’est qu’ils le désiraient et qu’ils le voulaient. La vie spirituelle est un désir en nous et une volonté qui conduit à l’action. Plus nous persévérons dans la vie spirituelle, plus elle prend du sens et devient une évidence.

Je n’ai pas beaucoup parlé de Jésus me direz-vous ? J’espère en avoir l’occasion mais surtout parce que ce récit ne nous parle pas beaucoup de lui. Tout conduit à lui et lui, sans un mot pour l’instant, se tient présent à Bethléem en Judée. La vie spirituelle est un apprentissage. Il suppose de prendre la route comme les mages. Il passe par l’écoute de la parole de Dieu. Il conduit à reconnaître la présence de Jésus. La raison d’être du sacrement qui nous rassemble le dimanche est de nous apprendre à reconnaître la présence de Jésus dans nos vies.

Ce récit nous offre beaucoup d’autres informations sur ce qu’est la vie spirituelle notamment le fait qu’elle est particulière, c’est l’étoile de Jésus. Elle est aussi universelle puisqu’elle est ouverte à toutes les nations. De même, les mages reprennent la route et la première chose qu’ils ont à faire et d’éviter les pièges de ce monde. La vie spirituelle ne nous extrait pas du monde et de ses difficultés.

Mais pour ceux qui s’y engagent, elle est une force, une intelligence, une joie, une occasion aussi de se parler.

Je termine en vous rapportant l’échange que j’ai eu avec les pionniers cet été à l’occasion d’un temps spirituel, une célébration au début de la nuit.

Nous nous étions mis en petits groupes pour échanger après avoir entendu la parabole du bon samaritain qui illustre le commandement de l'amour du prochain lequel complète le commandement de l'amour de Dieu. Nous nous sommes interrogés : « Que veut dire faire ce que Dieu dit de faire ? »

Voilà une partie de notre échange sachant que je l’ai écrit de mémoire. J’espère avoir été fidèle :

" Je ne crois pas en Dieu mais je pense qu'étant donné ce qu'il est a priori, ce qui vient de lui, c'est gratuit. Il ne me demande rien. Ce n'est pas du donnant donnant. Qu'est-ce que je pourrais lui apporter. Mais je peux recevoir ce qu'il me donne."

"Avec Dieu, on ne peut pas savoir précisément ce qu'il faut faire ou non mais il y a des signes qui donnent des indications, qui nous aident à faire des choix."

"Dieu, c'est mon créateur. Il m'a fait, il m'a tout donné. Alors c'est normal que moi aussi j'essaie de donner de moi-même, d'agir comme lui il fait pour moi."


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