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Jean-Marc Thomasset

Homélie de Bruno Millevoye, 5e dimanche de Carême, 26 mars 2023 -

Dernière mise à jour : 29 mars 2023

Homélie de Bruno Millevoye, 5e dimanche de Carême année A, 26 mars 2023

Nous luttons, nous n’avons jamais eu autant de moyens de lutter contre la maladie, augmenter l’espérance de vie, en tout cas dans la partie du monde que nous habitons mais à la fin, nous sommes vaincus et nous mourons.

Jésus-Christ a pris sa part de cette lutte. Il a guéri l’aveugle né comme il a délivré Lazare de la mort.

Mais en ces circonstances, il nous fait entendre autre chose. Cet autre chose, c’est ce qui, sans doute, nous a rendus perplexes en entendant cet évangile. Nous avons été surpris par l’odeur du cadavre. Nous avons sans doute souri en imaginant Lazare sortant du tombeau pieds et mains liés par des bandelettes. Mais nous n’avons sans doute pas compris comment Jésus pouvait faire de la mort une occasion de glorifier Dieu. Comment il pouvait, pour cette raison, prendre son temps et ne pas se précipiter chez ses amies Marthe et Marie. « Lazare est mort et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyez. »

« Pour que vous croyez. » Tel est tout ce qui justifie l’attitude choquante de Jésus. « Moi, je suis la Résurrection et la Vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra. » Crois-tu cela ?

Nous avons entendu la réponse de Marthe. Mais c’est notre réponse qui importe. Tout l’évangile, et ce passage en particulier, est proposé à notre écoute pour que nous croyons.

Bien sûr, le retour à la vie de Lazare est spectaculaire mais Lazare au bout de sa vie est mort. Les guérisons qu’accomplit Jésus sont spectaculaires mais tous ceux qu’il a guéris sont morts. Lui-même est mort. L’enjeu, c’est de croire qu’il est la résurrection, qu’il est la vie plus forte que la mort.

Que veut dire alors croire en Jésus ? Et comment croire en lui ?

Il y a un miracle permanent, c’est celui de l’évangile. C’est par son écoute que nous apprenons à croire en Jésus.

Si nous écoutons, nous entendons le temps. Notre temps a une limite le temps du ciel est toujours ouvert.

Les élèves de l’établissement Pierre Termier ont célébré leur foi hier matin. J’ai taquiné Marie-Laure leur responsable parce qu’elle avait prévu une version très réduite de l’Évangile. « Il ne faut pas qu’il soit trop long. » Nous n’avons pas le temps. Bon, mais Jésus lui, prend son temps même si cela provoque la déception. « N’y a-t-il pas 12 heures dans une journée ? » Prendre son temps, n’est-ce pas ce que nous faisons quand un proche est malade ?

Si nous prenons le temps, nous découvrons des personnes, des vraies : Marthe, Marie, des disciples, Thomas, les habitants de Béthanie, les amis qui viennent de Jérusalem. Nous découvrons les relations qui les lient les uns aux autres. Nous découvrons leur personnalité. Marthe n’est pas Marie. Nous entendons leurs questions, leur cheminement qui sont les nôtres.

Nous comprenons que Jésus est l’un de nous. Comme nous, avec nous, il a des émotions, des sentiments. Il pleure comme nous. Et cela fait découvrir sa raison d’être qui est aussi la nôtre : « Voyez comme il l’aimait. »

Alors c’est cela croire ? S’attacher à l’humanité de Jésus qui est notre humanité ?

Oui et recevoir, comprendre ce qu’il fait de différent, ce qu’il dit au nom d’une autorité qui lui vient de Dieu. « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. »

Dans ce mouvement, je l’ai dit, l’évangile a une place particulière. Quand nous le lisons et que nous croyons qu’il est la parole de Dieu, il devient lumineux.

Mardi, les jeunes pro et les étudiants, sans plus préparer, ont lu cet évangile et ont partagé ce qu’ils entendaient. Ce qu’ils ont écrit et qu’ils ont eu la gentillesse de me donner, est à la fois ordinaire et extraordinaire. Ordinaire parce que tous nous pourrions le dire et extraordinaire parce que chacun le dit pour lui-même, c’est-à-dire en vérité.

Par exemple :

« Celui qui affronte les difficultés, les souffrances, voit la lumière. »

« Grande source d’espérance pour nous tous, l’amour de Dieu ressuscite Lazare. »

« Un miracle plein d’humanité et d’émotions. »

Cette écoute est un choix. Nous pouvons légitimement nous dire que tout cela n’est pas possible, qu’il n’y a pas de solution ou que la réponse est ailleurs. Nous pouvons aussi choisir de penser que ce que nous entendons est vrai. Tout ce que nous entendons.

Je termine avec les bandelettes de Lazare que les jeunes ont commenté : « Les bandelettes qui représentent les boulets qu’on traîne. »

Peut-être parmi vous, des personnes se sont reconnues en Marthe ou en Marie ou en Thomas.

Mais peut-être certaines se sont reconnues en Lazare sortant du tombeau avec ses bandelettes.

« Mais c’est moi qui étais mort, morte et qui maintenant suis vivant, vivante. »

« Est-ce que c’est vrai ? »

Et cette mauvaise odeur qui me fait penser aux boulets de ma vie passée et qui a maintenant disparu. Son souvenir reste.

Est-ce que j’ai le droit de vivre malgré cela, d’aller vers les autres ?

A ces deux questions : Est-ce vrai ? Ai-je le droit ? La réponse est oui.



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