Une parabole pour nous faire entendre ce que nous avons du mal à entendre ou à comprendre par le chemin détourné de la comparaison, en faisant appel à notre imagination.
Avec les catéchistes, nous n’avons pas eu du mal à imaginer une vigne, à penser au fruit de la vigne, au vin… Nous nous sommes dit que cette histoire était terrible mais en quoi nous concerne-t-elle ? Ce produit de la vigne, à quoi correspond-il dans notre existence ? Notre maison, notre voiture ? Est-ce un bien comme le bon, le vrai, le beau, le juste, le bonheur, l’amour ?
Et puis nous nous sommes dits que si la parabole ne le précisait pas, c’est que l’enjeu était dans le rapport que nous avons avec ce qui constitue notre existence et ce à quoi nous tenions absolument. Il ne s’agit pas de savoir quel est ce bien mais quel comportement, quelle attitude, quel rapport avons-nous avec les biens auxquels nous tenons ? La vigne est un bien inestimable. Comment nous comportons-nous à son égard ? Et nous avons trouvé une réponse. Mais avant de vous la donner, je veux résumer en quelque mots ce que nous enseigne la parabole de dimanche dernier et la parabole de dimanche prochain car il y a dans l’Evangile trois paraboles qui se suivent, que nous propose la liturgie et qui se complètent.
La première parabole, celle de dimanche dernier donc, nous parle d’un fils qui est envoyé travailler à la vigne, qui ne veut pas puis qui y va. Non puis oui. Ainsi, premier enseignement, nous pouvons changer d’avis… Nous négligeons ce qui est essentiel mais nous pouvons, nous avons le droit de changer d’avis.
La dernière parabole nous parle d’invités à un repas extraordinaire. Ce n’est pas la vigne mais on peut imaginer qu’il y a du vin à table. Mais ils ne veulent pas venir. Si vous ne voulez pas, si vous ne désirez pas, si vous avez autre chose à faire, il n’y a pas de solution possible. Si ce qui est essentiel, vital, ne vous intéresse pas, il n’y a pas d’issue.
Et celle d’aujourd’hui. Qu’avons-nous trouvé avec les catéchistes ? En un mot : appropriation. En effet, les vignerons ont reçu une vigne, un bien et ils se sont approprié ce bien. C’est à nous, c’est à moi, ce n’est pas à toi. Ils sont déraisonnables au point d’en mourir.
Jésus et avant lui les prophètes nous font entendre que ce que nous possédons, nous l’avons reçu. La meilleure façon d’en faire un bien, c’est d’avoir conscience que nous l’avons reçu. Cela facilitera et même permettra l’échange, la coopération, le partage…
Cela s’applique à tous les domaines de notre existence mais je pense à deux en particulier.
Le premier est celui de l’éducation et du savoir. Ce que je sais, c’est grâce à mon travail, à mon intelligence mais aussi à mes professeurs, à mes parents. Si j’ai compris, je peux le garder pour moi, je peux aussi le partager. Si je le garde pour moi, peut-être que j’aurai la satisfaction d’être le meilleur. Mais après ? Au contraire, si je le donne, si je partage, je recevrai en retour. Il y aura un échange et ce sera une richesse pour tous ceux qui participent à cet échange.
Le deuxième exemple est lié à l’actualité de l’Église. Le Pape François vient de publier un texte sur la crise climatique. Il fait suite à une encyclique qu’il a publié sur ce sujet en 2015. « Laudato Si ». C’est de l’italien. Le titre du texte de 2023 est en latin : « Laudate Deum » mais le sens est le même. Loué sois-tu Seigneur pour toute ta création et en particulier cette terre que nous habitons. Alors, prenons soin de ce monde dans toute sa diversité. Et il y a urgence.
Sachez que nous ferons de ce nouveau texte du pape François Laudate Deum le fil conducteur de notre temps de l’avent, temps qui conduit à Noël, et que nous ferons même une manifestation à l’église le 16 décembre.
(Mais déjà, et ce n’est pas dans ce dernier texte mais dans le précédent, le pape François nous donne des pistes pour avoir un rapport au monde qui ne soit pas celui de l’appropriation destructrice et mortelle. Il nous appelle à la sobriété. Nous allons devoir nous contenter de peu ? Non, nous allons apprendre à jouir de peu. Mais il s’agit bien de jouir, de se réjouir…)
Il y a une autre piste qui est dans le titre même des textes du pape François : Laudate si, Laudate deum. Cela veut dire donc louez Dieu, reconnaître que nous ce que nous possédons, nous le recevons. Le reconnaître et s’émerveiller. Le reconnaître est se réjouir. Le reconnaître et ainsi dire, en bon français, merci.
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