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Homélie de Bruno LACHNITT pour la dimanche des Rameaux et de la Passion


Les lectures sont longues, je serai bref. Nous avons commencé par le récit de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem : la foule l’acclame dans un élan spontané mais sans lendemain. Et nous venons d'entendre le récit de la Passion, où il semble que la foule ait changé de camp. Luc ne dit pas si ce sont les mêmes qui criaient « hosanna au fils de David » et crient le lendemain « à mort ». Les disciples sont dispersés : Pierre renie trois fois, seules les femmes restent, à distance. Jésus est seul. Pendant le dernier repas avec les douze, juste après que Jésus leur a partagé le pain en disant « ceci est mon corps », puis la coupe en disant « ceci est mon sang », paroles qui instituent le sacrement de l’eucharistie et que le prêtre prononcera tout à l’heure, il leur annonce que l’un d’entre eux va le livrer et ils se demandent entre eux lequel. Chez Matthieu, chacun se demande « serait-ce moi ? », interrogeant sa propre conscience sur sa complicité avec les forces de mort qui vont condamner Jésus. Cela renvoie chacune et chacun de nous à cette question : où en suis-je, moi, avec Jésus ? Je soulignais l’apparent retournement de la foule. Dans une foule on suit comme des moutons. Jésus, lui, nous interpelle toujours personnellement : « et toi que dis-tu, qui dis-tu que je suis, que veux-tu que je fasse pour toi ? » Être responsable, c'est répondre personnellement et là il s’agit de répondre à l’amour de Dieu.

La passion de Jésus n’est peut-être pas à entendre d’abord au sens de ce qu’il a souffert : on dit "je t'aime un peu, beaucoup, passionnément..." Ce récit de la Passion, nous dit que Dieu nous aime passionnément, au point de se dépouiller, de donner sa vie pour nous sauver. Passionnément et même à la folie car cela peut nous sembler fou : on ne peut pas aimer davantage. Juste après, ils se disputent pour savoir qui est le plus grand. C’est surprenant, mais fait peut-être écho à leur complicité avec la trahison. C’est alors que Jésus leur dit « je suis au milieu de vous comme celui qui sert ». Jésus s'est dépouillé du rang qui l’égalait à Dieu pour prendre la place du serviteur : la figure de l'amour fou de Dieu pour nous est celle du serviteur. Et il appelle de notre part une réponse qui soit à la hauteur, c'est à dire au plus bas. L'amour de Dieu est une invitation à nous mettre au service. Et cela, ce n'est pas du ressort de la foule. Une foule acclamme, conspue, mais ne se met pas au service. Une foule peut se mettre aux ordres, s'asservir, laisser sa liberté en gage à l'idole, au chef, au leader. Mais l'amour appelle une réponse libre et personnelle, dans le sillage de Celui qui a ouvert un passage devant nous. Le service est tout sauf l'asservissement, il est la liberté absolue de celui qui s'abaisse par amour. Au moment d’entrer dans la semaine sainte, qui nous conduit vers Pâques, la fête centrale de la vie chrétienne, nous sommes invités à comprendre que la seule juste place dont Celui qui est le seul Maître nous a donné l’exemple, c’est la dernière, celle qu’on se dispute rarement.

 
 
 

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